La mine de fer de Valleroy

La mine de Valleroy fut l’une des premières à fermer dans le bassin de Briey en décembre 1967, après environ soixante an-nées d’exploitation. Son histoire est étroitement liée à la terrible destinée de centaines de prisonniers soviétiques.
C’est entre 1896 et 1900 que les travaux de recherche et de sondages débutent dans le secteur de Valleroy. Sept ans plus tard la concession est accordée à la société anonyme des mines de Valleroy, qui est une filiale des Aciéries de Longwy. La mine vallerésienne, dont le fonçage et l’armage des puits ont été réalisés entre 1907 et 1908, alimentera dès lors les hauts fourneaux de l’usine de la Providence à Rehon.
Le transport du minerai se faisait bien évidemment par le rail. C’est au tous début de l’activité de la mine que l’on connaît les effectifs les plus importants, ceux-ci étant estimés à prés de 700 employés vers 1910.Si la première Guerre mondiale marqua un sérieux coup d’arrêt, l’activité reprit de plus belle une fois l’Armistice signé.
Durant les quatre années de ce conflit, les installations avaient été entretenues par une centaine de prisonniers soviétiques.

400 prisonniers de guerre

En revanche, au cours de la Seconde Guerre mondiale, la mine fut noyé et les sous-stations électriques furent sabotées en 1940, pendant qu’une grande partie du personnel était évacuée dans les mines du bassin houiller de Saint-Etienne. En 1941, l’occupant Nazi décidait de remettre la mine en état en s’appuyant, pour l’exploitation, sur quelque 400 prisonniers de guerre soviétique.
Cela durera ainsi jusqu’en septembre 1944 dans des conditions « épouvantables », se souviennent les anciens Vallerésiens. Chaque prisonnier devait ainsi charger six wagons, quel que soit son état, sachant que leurs repas se limitaient bien souvent à une soupe voire à un bout de casse-croûte donné par les mineurs. « Beaucoup sont morts au fond » explique René Toussaint, qui fut marqué à vie par cet épisode tragi-que de l’Occupation.


Une nécropole fut d’ailleurs cons-truite en 1971 à Valleroy, dans laquelle 54 prisonniers de guerre soviétiques furent inhumés, dont certains morts à la mine locale. Chaque année, une cérémo-nie du souvenir y est organisée afin de ren-dre hommage à tous ces soldats morts dans des conditions inhumaines.

258 à la fermeture

Si la production n’a cessé de croître après guerre, les effectifs ont, eux, lentement décliné, passant de 440 en 1962 (347 au fond, 97 au jour) à 258 en 1967. Pourtant, contrairement à d’autres mines, Valleroy n’a eu à subir qu’une seule vague de licen-ciements avant de fermer. En mars 1966, 71 licenciements avaient été décidés, malgré les importantes protestations exprimées par la population.
Le 31 décembre 1967, l’exploitation de la mine de Valleroy s’arrêtait de façon définitive, laissant quelques 260 employés sur le carreau. Une partie d’entre eux ira ensuite travailler dans la sidérurgie en Moselle, notamment à Gandrange. Certains conti-nueront d’oeuvrer dans une autre mine de fer que ce soit à Bouligny, Giraumont ou encore Droitaumont et Roncourt.

Solidarité des mineurs

En 1963, par solidarité avec leurs collègues de Trieux, qui étaient en grève depuis 79 jours, les mineurs de Valleroy avaient collecté plusieurs tonnes de vivres et une somme d’argent avec laquelle ils avaient acheté un boeuf de 695 kilos

Une reconversion tournée vers l’industrie

Après la fermeture de la mine survenue en décembre 1967, les puits furent rapidement comblés et l’exhaure fut stoppée en 1975. Très vite les élus locaux ainsi que les pouvoirs publics ont cherché à assurer la reconversion du site dans le domaine industriel.
Dès 1970, une entreprise spécialisée dans les constructions métalliques, Polybat vient s’installer, occupant une bonne partie des locaux et construisant un nouveau bâtiment industriel tout en longueur. Près de deux cents personnes y travailleront mais l’aventure tourna court puisque le site fermera définitivement en 1975. D’au-tres sociétés s’installeront à la suite, l’entreprise américaine Buttler ainsi que la So-falor, mais sans assurer davantage de pérennité aux quelques dizaines d’emplois créés. Pour certains, ces sociétés s’apparenteraient à des « chasseurs de prime » venus profiter des exonérations fiscales accordées.